Ride the World in Style

Ride the World in Style
Kawasaki W650

Welcome to my nightmare

Oh moi je ne suis qu'un bouffon Messires !
Un acrobate verbal pour mieux vous faire rire,
Jongleur grammatical et n'étant pas bien né,
Je mendie les regards et fais des pieds de nez.
N'ayant que peu de foi en la nature humaine,
Je traque les fissures de ses allures mondaines.
Je dis les vérités que l'on déteste entendre
Et attire la haine quand je voudrais du tendre.
Mais mon vocabulaire est une bien piètre épée
Et je vous laisse Messieurs l'honneur de batailler.
Nish

samedi 30 janvier 2010

Nish à Pékin

From: "Nish" <leclerc@netfront.net>
To: <Frenchtalk@yahoogroups.com>
Subject: [Frenchtalk] It's a brand New Year ! Get merry soon !
Date: mercredi 31 décembre 2003 19:21

Salut !

Mes meilleurs voeux ! Je sais, je suis en retard mais qu'est-ce que tu veux, j'etais pas chez moi, je suis alle faire un petit tour en Chine voir si la capitale avait change depuis 1983. Reponse ? Plutot !!!

A Pekin, je loge toujours dans une suite. C'est comme ca. C'est ma facon d'reagir a l'ideologie locale. La premiere fois, j'ai meme mange chez Maxim's. Pas la. Mais j'ai tout de meme recolte d'une suite au Marco Polo a cause d'Ovaire Bouquine, la bonne fee des voyageurs.
Deja, je sentais que la Chine n'allait pas etre communiste pour tout l'monde...
Il n'y avait pas d'ordinateur dans la chambre par contre, faut aller au Yinchuan pour ca, c'est une region administrative speciale, donc mieux equipee surement. Il y avait une prise Internet rapide mais je n'allais pas emporter mon laptop d'autant plus qu'on est plus serre dans les sieges de Dragonair que dans les autocars du Punjab, je regardais l'aile de l'avion, deserte, avec concupiscence, c'est dire la cohue dans l'cokpit ! A l'arrivee, je me suis apercu que j'avais oublie d'oter ma ceinture de securite pendant toute la duree du voyage. Elle ne m'a pas gene.
De toute facon, on n'etait pas venus a Pekin pour s'prelasser dans une baignoire, fut-elle en marbre farci d'emeraudes. J'admets le pouvoir anti-soporifique de National Geographic sur la tele cablee, lequel a eu un effet dramatique autant que percutant sur le mini-bar mais que seraient des vacances sans un brin d'insomnie ?

J'ai completement oublie Noel. Ca doit etre le fait d'avoir des momes. Tous les ans, le sapin, les cadeaux... la, plus besoin, les filles etaient sur un autre continent avec leur mere. Il y avait bien un sapin dans le vestibule de l'hotel et quelques decorations en ville mais Pekin ne se prete pas encore au grand-guignolage de Jesus-Santa, meme combat ! Ca repose, j'te jure ! Pas de Bingle Jell, pas de drelin-drelin, pas d'Internationale Communiste non plus, d'ailleurs, les petits oiseaux, le ciel bleu degage d'enguirlanderies pendouillassantes, des arbres auxquels la dignite d'arbre etait rendue comme elle leur ai due et non des epouvantails a hiboux clignotants pietrement de toutes parts comme de municipaux bijoux.

Il y a vingt ans, Pekin m'avait, au debut du mois de septembre, glace le sang bien davantage que cette fois-ci a la fin decembre. Les batiments de l'avenue qui mene du Beijing Hotel a la place Tien An Men sont bien les memes mais leurs sommets ont change, on les a renoves, desquarises, enguilleres, customises. Les rues sont pleines de vehicules a moteur ! Il y a toujours des velos mais trois fois rien compare a avant. Terminees les meutes de gens aux regards eteints, avancant au meme coup de pedale, tous habilles en tout et pour tout de trois couleurs. Finis, surtout, ces visages fermes, lugubres, curieux et mefiants a la fois. Cette fois, j'ai ete frappe par les sourires, les eclats de rire meme, les gens ont l'air d'etres humains, les rues refletent la vie, il y a des marches, des supermarches, des jeunes qui font du skate, des amoureux qui s'embrassent, des types qui jouent de la musique sur le trottoir, d'autres qui s'font attraper dans les grands magasins pour avoir chourave un gadget, des minettes en bottes blanches sur des scooters roses, des couples mixtes.

Pourtant, on y trouve pas le luxe exhuberant de Shanghai, a Pekin, on sent un peu plus de rigueur, les marques du Parti sont toujours evidentes, Mao pourrit doucement dans son mausolee moisi mais je n'ai pas eu l'impression que les Pekinois allaient accomplir de sitot son voeu d'etre enterre dans son village natal. C'est comme si on demandait aux Francais si on pouvait demonter la Tour Eiffel pour la remettre dans sa boite de Mecano. Ils diraient non. Ben les Chinois, pareils, Mao, il veulent le voir, enformole dans son cercueil de verre. C'est leur Blanche-Neige a eux. Bonnes pommes, ils font toujours la queue pour aller l'voir s'decomposer comme s'il allait leur puruler un nouveau verset au petit livre rouge. Qu'on m'a d'ailleurs propose dans un marche de rue, en version francaise, comme quoi ca s'exporte. Ca paye pas d'mine un petit livre rouge, c'est normal, c'est pas fait pour etre place sur un rayon de la bibliotheque en chene Louis XV du boudoir de l'aile ouest du manoir mais tout d'meme, la couverture en plastique, le format "Pif-Poche", le papier recycle, ca releve du gros tract facon sortie de quatrieme au bahut. Bref, j'l'ai pas achete. J'ai dit au type, desole, j'l'ai pas lu mais j'connais deja la fin, c'est comme la bible quoi.

J'ai prefere aller manger une kebab chez les Ouigurs. Que ce soit en Afrique du Nord ou en Chine, quand tu manges chez les Musulmans, c'est bon, c'est pas cher et t'as un max de sourires et de bonne humeur en plus. On etait tous plies quand y'en a un qui a sorti une poupee de Bush coupee en deux et une autre (entiere) de Ben Laden, a piles, qui balancait des coups de poings dans la tronche de l'autre attrape-Saddam. On sentait le type content de pouvoir faire sa plaisanterie devant un Occidental. Fallait s'mettre a sa place et du moment que la kebab n'explosait pas...

Il reste encore de vieux quartiers a Pekin, de ses anciennes grandes maisons bourgeoises, avec leurs cours reconverties en quartier de districts. Une quinzaine de familles se partageaient un espace assez reduit mais c'etait le Grand Bond en Avant, on allait pas faire le crapaud ni la grimace, d'autant que justement, le voisin regardait. Je sais pas, ca doit pas faire tres tendance, alors, avec les Jeux Olympiques qui approchent, ces vieux quartiers sont demolis et on reloge les gens dans des immeubles plus modernes. C'est toute une epoque de Pekin qui disparait, les gens qui m'en ont parle avaient l'air melancolique, les vieux s'y accrochent encore, ils preferent leurs vieilles briques au beton neuf. Je suppose qu'il regnait une atmosphere de petit village, dans ces vieilles cours, qu'ils savent absente des grandes tours.

Je suis alle revoir quelques lieux touristiques. La, j'ai retrouve l'ambiance de l'Inde avec la meute des vendeurs qui ignorent le sens du mot "No" mais qui te laissent tranquilles si tu parviens a les faire rire. Faut dire, avec ma toque en fourrure de renard cendre, mon pull en laine noire couvert de peinture au minium, mon futal d'attaqueur de banque et mes lunettes de soleil anti-reflets, j'y arrivais pas trop mal. Y'a vingt ans, c'etait mes cheveux qui etonnaient les Pekinois, maintenant c'est tout...

J'ai ete decu, le lac du Palais d'Ete etait bien gele mais pas suffisamment pour y patiner. Je me suis rattrape en en faisant lentement le tour pour en savourer son paisible romantisme: des allees d'arbres multi-centenaires, des petits ponts chinois aux noms inspires par des poesies, de grands joncs pris dans la glace. Dans un canal gele, un homme avait casse la surface et se baignait. Plus loin, garee sur sa bequille sur l'eau figee, la bicyclette du nageur attendait. On aurait dit le velo de Jesus.

L'industrie touristique se developpe en Chine et elle ne prend pas une tournure bien differente du reste du monde. Un jour, on a decide de louer les services d'un guide pour aller visiter la Grande Muraille. Une nana, qui affirme s'appeler Sweet Li, vient nous chercher a l'hotel. On passe au Beijing Hotel pour prendre un autre touriste japonais. La, Sweet Li nous annonce qu'on va visiter une usine de jade au passage. Qu'a cela ne tienne. On arrive devant un gigantesque batiment. Tout un tas d'hotesses se precipitent. On nous fait visiter un chaine de fabrication ou trois "ouvriers" font semblant de bosser. On nous presente le jade sous toutes ses formes. On nous fait deviner quels sont les morceaux de jade veritable parmi du faux, on s'extasie devant la perspicacite du touriste quand il reussit a extraire le bout d'plastique qui ressemble a une feve sortie d'une galette des rois moisie et on balance le pigeon dans une gigantesque salle de vente. Ca m'a rappele l'Egypte, la Grece, La Tunisie, les Baleares, bref tous les tours organises que j'ai pu faire en famille quand j'etais mome. Dix minutes plus tard, j'etais dans l'parking a griller ma cigarette. J'en ai fume cinq, le temps que l'Japonais ait fini ses amplettes. En arrivant, il a dit un truc pour s'excuser en faisant deux courbettes a s'dehancher les reins et on est repartis pour aller visiter une tombe Ming. Apres ca, rebelotte. Il a fallu s'faire ausculter par un toubib. Ouais, la medecine chinoise et ses herbes miraculeuses ! Bon, ok ! Alors la t'as un vieillard qui t'prend l'poul (il le rend apres) et qui regarde ta langue (sans rien decharger) avant de t'annoncer que l'reglage ying et yang de tes reins a besoin d'une revision sans parler de tes arteres qui s'durcissent et qu'il faut donc acheter plein d'herbe a 450 balles le sachet. La mienne etant moins chere pour un effet beaucoup mieux garanti, j'ai prefere aller dejeuner en me demandant si la Grande Muraille existait veritablement...

Nous y sommes finalement parvenus et c'est vrai que, tout compte fait, en cette saison, on n'a pas tellement envie d'y rester trop longtemps. C'est pas tant a cause du froid, c'est surtout a cause du vent qui appuie dessus tres fort jusqu'a ce qu'il rentre... ou que tu t'envoles c'est selon. Ceci dit, quand t'arrives a sortir une pupille de ton cache-col pendant trois secondes, tu t'apercois que c'est tres beau comme mur, et vachement long. Berlin, c'etait du travail d'amateur a cote. C'est tout crenele et y'en a partout jusqu'a l'horizon, ca suit les cretes des montagnes, on dirait une gigantesque queue de dragon, tres chouette m'enfin j'aimerais bien qu'ils bouchent les creneaux, ca eviterait de s'prendre une rafale glaciale dans l'oreille tous les deux pas !

C'est la deuxieme fois en deux mois que je vais faire un tour en Chine mais je crois que je vais prendre un abonnement parce que je ne m'en lasse pas. Fini le stress facon Coree du Nord, la Chine s'hamburgeoise, met des jeans et enregistre son hiphop local. Hong Kong va tourner bourgade dans pas longtemps si ca continue a ce train-la. J'envisage un demenagement mais ce n'est pas la peine. Deja les Hongkongais viennent d'obtenir le droit de conduire en Chine sans passer de permis de conduire "local" prealable. Bientot on ne fera plus la difference et je commence a comprendre qu'avec un peu de patience, c'est un vaste horizon libre qui s'ouvre enfin. Resident permanent a Hong Kong, je pourrai sans doute bientot circuler a loisir dans un pays immense !

J'ai mis les meilleures photos du voyage a: http://nishman.free.fr, les photos sont assez lourdes alors fais un "refresh" si ca cafouille.

Voila, j'te souhaite un bon reveillon. Prends des forces ! :)

A bientot

Nish


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