Ride the World in Style

Ride the World in Style
Kawasaki W650

Welcome to my nightmare

Oh moi je ne suis qu'un bouffon Messires !
Un acrobate verbal pour mieux vous faire rire,
Jongleur grammatical et n'étant pas bien né,
Je mendie les regards et fais des pieds de nez.
N'ayant que peu de foi en la nature humaine,
Je traque les fissures de ses allures mondaines.
Je dis les vérités que l'on déteste entendre
Et attire la haine quand je voudrais du tendre.
Mais mon vocabulaire est une bien piètre épée
Et je vous laisse Messieurs l'honneur de batailler.
Nish

samedi 30 janvier 2010

Nish Man - La prostituée vierge



    La prostituée
    vierge
     


    Je traîne à Patpong dans
    le quartier rouge de Bangkok depuis 1982 mais la dernière fois je me
    suis rageusement dit que je n'y mettrais plus les pieds. La rue est
    devenue un marché aux puces de plus du piratage vidéo et de la copie
    gadget. Seulement depuis, un ami qui habite à Hanoï m'a parlé d'un
    petit bar où l'on peut se laisser gâter (dans tous les sens du terme)
    d'alléchante façon alors j'y retournerais peut-être y faire un saut
    mais en général le quartier a perdu l'ambiance extrême et luxurieuse
    de l'époque où tout restait ouvert toute la nuit. Je sais bien que
    ça peut paraître choquant dans nos contrées mais il y avait à Patpong
    une atmosphère de liesse, de débauche et de libertinage bien agréable
    que je n'ai jamais retrouvée nulle part sauf il y a longtemps, dans
    les pavillons de chasse de Louis XV.


    J'avais 23 ans en 1983
    et j'adorais ces nuits de démence où l'on commençait la soirée par
    un petit sniff de poudre et quelques pétards. Puis on prenait un tuk-tuk,
    sorte de scooter-tricycle couvert, et sur le coup de 9 heures du soir
    on fonçait, dans les pétarades et la fumée de l'échappement, vers
    Patpong. Là, on allait droit sur la pharmacie du quartier pour acheter
    du Captagon qu'on s'enfilait avec une pinte de bière glacée. Ensuite,
    histoire de rester lucides en évitant les mélanges trop lourds, on
    ne marchait plus qu'au Mekhong-Coke. Le Mekhong est soi-disant du whisky
    thaï mais en fait c'est un infame tord-boyau dans lequel on a même
    paraît-il rajouté de la nicotine pour multiplier les alcooliques jusqu'à
    ce que le roi s'en soit ému. Pourtant, avec du Coke et de la glace,
    c'est délicieux. On allait de boîte en boîte, du Pink Panther au
    SuperStar, on faisait un petit saut au Rome pour aller voir un show
    de travestis, et inévitablement on se retrouvait galamment accompagnés
    qu'on le veuille ou non. On ne savait jamais très bien comment mais
    il y avait toujours des filles accrochées à nos basques. On avait
    pourtant pas l'air très riches. Un soir, y'en a une, moulée dans un
    fourreau léopard, qui a trouvé mes cheveux (de l'époque) très heavy
    metal, ça a suffit pour qu'elle danse avec moi toute la nuit puis soudain,
    elle m'a annoncé abruptement que ses règles venaient juste de commencer
    et elle s'est barrée. Ces nanas n'étaient pas vraiment, à proprement
    parler, précisement, des prostituées. Elles suivaient des "farangs",
    des étrangers, couchaient avec eux, prenaient l'argent qu'ils leur
    offraient ou rien s'ils n'offraient rien, volaient un peu ce qu'elles
    pouvaient, survivaient. Des zonardes thaïes. Mais ce n'étaient pas
    des paumées dans le style de nos paumées qui font la manche dans le
    métro avec les yeux noirs et caves. Elles gardaient leur amour propre
    et il n'était pas question de leur manquer de respect. Une nuit, au
    petit matin, je me suis écroulé, en nage, sur une banquette du Grace
    Hotel, près de l'avenue Sukumvit, après avoir dansé sur une table
    au milieu d'une quinzaine de nanas méga-fardées vu que le Grace reçoit
    en général des clients du Moyen-Orient qui préfèrent leurs copines
    pas trop bronzées. L'ambiance était chaude et on avait eu tellement
    de monde entre nos bras cette nuit-là qu'on perdait un peu l'respect.
    J'ai laissé une fille boire un peu de bière de la choppe près de
    la mienne en ayant complètement oublié que je l'avais offerte à une
    autre nana et je me suis fait incendier comme pas permis. Mon pote qui
    s'est laissé aller à en traiter une de "bitch" s'est fait
    attendre à la sortie par trois Thaïs et ça s'est terminé en sang
    et au commissariat. Non, non, on garde le respect les p'tits pères!
    En échange, on obtient ce qu'on ne trouve nulle part ailleurs avec
    des prostituées, l'illusion d'une passion exotique. J'ai vu des mecs
    passer, des routards, et s'arrêter en Thaïlande pour une quinzaine
    de jours sur une plage cocotière. Au passage, ils emmenaient une petite
    de Bangkok et trois semaines après leur retour en France, j'ai reçu
    des lettres de ces mecs, pleines de flammes et de passion, où l'on
    se clamait prêt à affronter l'opprobe et les ricanements, prêt à
    reprendre l'avion pour sauver la belle enfant des griffes de la prostitution
    patpongaise et tout et tout! En général je recevais une seconde lettre
    un mois plus tard, m'annonçant leur douloureuse expérience de la chaude-pisse
    et des shoots de pénicilline dans le gland, la belle étant, dans leurs
    propos, devenue soudain "une belle salope". Passons sur les
    lendemains qui chantent faux, c'est quand même époustouflant, les
    petites Thaïes qui servent de joujous aux touristes font leur métier
    avec une grâce estomaquante. C'est vraiment votre copine, qui vous
    masse, vous sert à boire, à manger, à fumer, qui vous branlotte,
    qui vous suçotte, qui vous saute dessus comme un Zébulon, qui va chercher
    des copines pour qu'ça soit plus drôle, qui s'marre, qu'est là, qui
    s'investit et qu'est triste quand on a été un peu gentil et souriant
    et qu'on s'en va. Ça fait assez Diabolo Menthe pour adultes, ces histoires.
    Bon, un Diabolo Menthe qui peut tourner assez salace quand même:)


    M'enfin c'est pas encore
    l'paradis pour l'idéaliste... On va pas vouloir m'croire encore mais
    pourtant c'est vrai, je n'ai jamais craqué, encore, pour une Thaï.
    Une nuit j'ai failli, j'étais décidé, fuck, à quoi bon se faire
    la morale hein ? On a qu'une vie et franchement, il y a une sacrée
    différence entre les putes de la rue St Denis et celles de Patpong.
    M'enfin jusque là, je m'étais contenté d'observer, de discuter avec
    les filles et j'étais presque convaincu qu'elles la prenaient plutôt
    du bon côté, leur galère. Elles se faisaient bien plus de fric que
    n'importe qui en Thaïlande, certaines parvenaient même à se caser
    et à quitter le pays. Nous voilà donc assis en compagnie d'une fille
    chacun, dans une disco de Patpong en train de siroter un Mekhong, nous
    levant de temps en temps pour aller nous trémousser avec nos compagnes
    au son de "She's a man eater" et autre "Beat it!"
    avec les basses des enceintes qu'aident l'estomac à digérer tellement
    ça résonne. Ma compagne était un peu bizarre, tantôt tristounette,
    tantôt souriante mais comme je l'ai dit, j'étais décidé ce soir-là
    à mettre du sexe dans mon fun. On danse, j'arrive à la faire se marrer
    une ou deux fois mais elle reste plutôt distante, sombre, renfermée,
    ce qui m'étonne un peu. Ses copines, par contre, ont l'air plutôt
    voraces mais elle, non. Et puis soudain, la voilà qui fond en larmes.
    Merde! Ah ben vraiment, y'a qu'à moi qu'ça arrive des plans comme
    ça. Évidemment mes potes n'en peuvent plus, comme quoi j'ai vraiment
    pas la cote, et qu'est-ce que tu lui as fait, et vas-y-console-la-fais-lui-un-gros-calin
    et tout et tout, bien fins, bien légers. Bien sûr, ma sangloteuse
    reste muette à mes questions et au lieu de me répondre, elle a même
    eu ce geste affreux de jeter ses bras autour de mon cou et de presser
    ses lèvres mouillées sur les miennes avec une sorte de rictus qui
    se voulait enjôleur, provoquant, mais qui s'est noyé dans un sanglot.
    Je la repousse doucement, je ne sais plus où me foutre, je tente une
    caresse gentille sur sa joue qu'elle rejette avec un geste de rage.
    Alors je me tourne vers l'une des voraces, sa copine et je lui demande
    ce qui se passe. -"Ah qu'est-ce que tu veux, lui en veux pas, c'est
    sa première nuit, elle voulait pas commencer mais ça fait trois jours
    qu'elle n'a pas bouffé alors bon." Charmant! Bon, ben j'aurais
    mieux fait d'pas changer d'vice moi encore quoi... Les boules! Je regarde
    vaguement la fille. Une gamine pas si belle bien qu'exotique, coincée
    dans une vie de merde. Peut-être que c'est vrai c'que l'autre m'a raconté,
    peut-être que non, mais la lourdeur sur les épaules de la fille est
    bien réelle. Je ne sais pas c'qu'elle est venue foutre avec moi ce
    soir, je sais pas c'que j'fabrique en sa compagnie mais voilà, c'est
    fait, on s'est rentré dedans. Pour elle je représente une étape vraiment
    pénible à franchir et ça la fait chialer. Une prostituée vierge
    de client, ça doit pas souvent arriver mais bon, ok, ça tombe sur
    moi, bon. Moi, j'suis désolé mais qu'est-ce qui m'oblige à le jouer,
    ce rôle d'étape dans sa vie hein? J'avais vraiment pas envie de vivre
    avec un souvenir pareil sur nos dos respectifs alors, tout en sachant
    bien que ça ne servait strictement à rien, je lui ai donné de quoi
    être en sursis un moment, le temps d'acheter un peu d'bouffe, de prendre
    un taxi pour rentrer chez elle, et le temps pour moi aussi de me défiler,
    la conscience pas trop crade, un autre se chargera du boulot, sans l'savoir
    cette fois sans doute. Et la dérision de la situation m'a fichu suffisamment
    le bourdon pour que, jusqu'à ce jour, je reste vierge moi-même de
    prostituées thaïes. Décidément, c'est pas l'genre de rapport que
    j'ai envie d'avoir avec les dames. Par contre, une 'tite nonnette bouddhiste,
    toute mignonette et toute rasée... Elle irait bien parmi mon harem
    de bonnes soeurs.


    Nish





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